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Yves Djorno

A quels abandons douloureux faut-il se résoudre ?





Décider de changer la trajectoire d’une organisation est un acte à forte charge émotionnelle. Car le plus difficile n’est pas d’entreprendre des choses nouvelles, mais de se défaire des anciennes.


En toute logique, le fait de se recentrer sur ses domaines d’excellence devrait produire un effet mobilisateur auprès des équipes, à qui de nouvelles perspectives sont promises. L’entreprise a imaginé une nouvelle voie de développement mieux en accord avec ses forces, et il n’y a plus qu’à la mettre en œuvre. La réalité que j’ai pu observer est toute autre.


En effet, des pans entiers d’activités, désormais hors du périmètre prioritaire, doivent souvent être remis en cause. Avec le lot de questions fondamentales qui en découlent telles que conséquences sociales, renoncements sur des investissements significatifs déjà engagés, impacts sur les revenus. Quand l’heure est à la gestion concrète des implications, l’enthousiasme qui avait prévalu dans l’élaboration de la nouvelle stratégie s’en trouve affecté.


Dans ce contexte, vous passerez probablement par plusieurs états émotionnels qu’il faudra savoir capter pour mieux les maîtriser. Quand beaucoup de temps, d’énergie, et d’argent ont été investis, tirer un trait sur une partie des actifs est toujours un choc. Même si vous êtes absolument persuadé que l’agilité future de l’entreprise en dépend, vous éprouverez le sentiment d’un incroyable échec. La tentation sera ensuite grande d’ouvrir le débat pour éviter les décisions difficiles. Pourquoi ne pas maintenir l’ensemble après tout ? N’y a-t-il pas d’autres alternatives ? Les retours espérés seront-ils vraiment supérieurs ? Est-ce le bon moment ? Des arguments vont également être avancés autour du manque de pugnacité. Ne faut-il pas persévérer encore quelques temps dans le schéma actuel ? N’avons-nous pas tord de jeter l’éponge un peu trop vite ? Dans cette période sous tension et peut-être même de découragement, vous risquez de perdre le sens de ce que vous aviez initié, à savoir remettre l’organisation sur une trajectoire plus favorable.


On comprend pourquoi opérer un virage décisif prend aux tripes. Un cheminement intérieur est nécessaire pour se résoudre à ces abandons douloureux. Seul et avec d’autres. Mais sachez qu’une fois convaincu des arbitrages incontournables, vous vous reprocherez de n’avoir pas diagnostiqué la situation plus tôt, pris les bonnes décisions plus rapidement … au lieu d’avoir poursuivi des efforts conséquents, interprétés maintenant comme un immense gaspillage. Et à l’issue de ce parcours, comme une récompense de votre courage face à l’épreuve, vous découvrirez certainement des cadeaux cachés dont vous n’aviez même pas rêvé.


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